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Nous sommes aux pieds du Musée de la Marine, au très beau Palais de Chaillot, en ce matin printanier. Notre incroyable voyage d’exploration de l’exposition sur l’obélisque peut enfin démarrer. Il nous faut arpenter l’aile curviligne rassemblant toutes les collections du Musée de la Marine avant d’arriver à l’exposition, qui est située au niveau inférieur. Scénographie soignée, Le Musée national de la Marine est une splendeur, malheureusement peu mis en valeur par les media. Il a pour vocation d’être la vitrine et le conservatoire patrimonial de toutes les marines.

 

Parlons-en des vitrines, ces collections qui rassemblent outils, somptueuses maquettes de bateaux, mais aussi œuvres d’art, peintures, le tout classé par ordre chronologique. De quoi écrire très bientôt un article sur le Blog Sylvie de Soye pour vous donner l’envie d’y aller.

 

L’incroyable voyage de l’Obélisque de la place de la Concorde est tant une aventure humaine, technique que maritime. On vous explique pourquoi.

 

Tout d’abord, bien préparer sa visite, surtout en famille.

 

Vous pouvez choisir de faire l’expo via l’Application smartphone gratuite*. Témoignages, parcours sonores et visuels, récits des hommes. Aussi pouvez-vous choisir d’être dans la peau du chef de l’expédition, en flashant les QR codes tout au long de l’expo.

 

Le portrait de Jean-François Champollion par Léon Cogniet trône dès l’entrée. Il ne faut pas oublier que tous les sites et le Temple de Louxor étaient ensablés, et laissés totalement à l’abandon en ces années là. De nombreuses gravures de qualité en témoignent dès le début de l’expo. LA la fin du XVIIIe siècle, les Égyptiens étaient considérés comme des extra terrestres qui avaient laissé leurs trésors annotés de signes indéchiffrables : les hiéroglyphes.

 

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Un cadeau ? Non, une odyssée.

 

Nous sommes en 1829, et le vice-roi d’Egypte Méhémet-Ali emploie de nombreux officiers et ingénieurs français à la modernisation de son pays. Il décide d’offrir à la France les deux obélisques d’Alexandrie. Mais Champollion suggère de faire transporter ceux du Temple de Louxor, mieux conservés. C’est le début de l’aventure.

 

En 1830, nous sommes en France sous la Monarchie de Juillet, le Roi Louis-Philippe est au pouvoir. Après la campagne de Napoléon (voir plus bas) trente ans plus tôt, place à une autre guerre, celle du transport du premier obélisque (le deuxième ne bougera jamais et sera redonné à l’Egypte plus tard). Les hommes de cette époque n’ont reculé devant aucun obstacle pour transporter ce mastodonte de 230 tonnes de Louxor à Paris. Il s’agit bien d’une expédition maritime car il a fallu construire tous les bateaux et les machines sur-mesure pour cette expédition. Le navire Le Louxor a été bâti à Toulon. Quant aux travaux d’abattage de l’obélisque, rien que l’appareil inventé pour cela nécessitait le travail de 200 hommes.

 

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Quatre hommes pour un obélisque.

 

Apollinaire Lebas, polytechnicien, est chargé de l’abattage de  l’obélisque et ensuite de toute l’opération jusqu’à la réédification du géant. Raymond de Verninac Saint-Maur, lieutenant de vaisseau, est nommé commandant du Louxor. Léon de Joannis, est nommé commandant en second du Louxor. Sa particularité : être un excellent dessinateur. Il devient l’illustrateur de la mission. Ses aquarelles et dessins sont d’une grande finesse, vous allez vous en rendre compte. En 1835, il publie « Campagne pittoresque du Louxor », un récit de l’expédition complété de 18 estampes. Justin Pascal Angelin, Chirurgien major de la Marine, s’occupera de soigner l’équipe menacée par de nombreuses épidémies. Il constituera avec Joannis, une collecte de spécimens destinés au Muséum d’histoire naturelle. L’équipe a le temps de visiter le pays et de collecter beaucoup d’informations.

 

Un parcours du combattant qui dure 7 ans !

 

Le bateau part en avril 1831 de Toulon, arrive en mai, mais l’abatage de l’obélisque ne se fera qu’en octobre. En novembre le halage (mode de traction pédestre des bateaux) et le chargement dure un mois. En 1832, il faut attendre la crue du Nil pendant sept mois pour le départ. L’équipe a le temps de visiter la Haute Egypte. Nous vous laissons le temps de découvrir toutes les étapes du voyage durant l’expo.

 

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Ce que l’on retient de l’expo :

 

Les merveilleux dessins si précis et si précieux, témoins d’une époque où tout se faisait à la main. Les objets glanés ça et là. Les machines inventées pour cette expédition, et leurs plans si minutieux. Les pages de calculs à la main exposées sous verre. Les maquettes en regard des dioramas. L’histoire maritime : les démâtages, remorquages, halages, haltes, quarantaine. Les virulentes critiques et parodies de la part des journalistes de l’époque, journaux, et documents en témoignent, sur l’emplacement de l’obélisque à Paris.

 

Tout cela fait réfléchir. Quel dirigeant penserait aujourd’hui détruire ainsi l’harmonie de la façade d’un temple historique et en offrir les ornements à un autre pays ? Pourtant l’Egypte a été beaucoup pillée, et presque tous ses obélisques sont disséminés dans le monde, donnés ou non, c’est ce qu’on apprend à la fin de l’expo.

 

Retrouvez les Jeux Sylvie de Soye, L’Egypte, et autres à la très belle boutique du Musée.

 

Le voyage de l’obélisque : Louxor-Paris (1829-1836)

Musée national de la Marine – Palais de Chaillot, Trocadéro, Paris XVIe

Du 11 février au 6 juillet 2014

 

Aussi : conférences, ateliers, visites guidées, visites contées pour les petits, appli, ..

 

*Appli téléchargeable depuis Apple Store, Play Store, ou Site du Musée.

 

Un peu d’histoire…

Où en était l’Egypte en 1798 ?

 

Avant 1829, la situation était différente. Trente ans auparavant, la campagne d’Egypte de Napoléon Bonaparte de 1798 ayant pour but de couper à la Grande Bretagne la route des Indes a été sanglante. L’Egypte d’alors était une Province Ottomane gouvernée par des Pachas désignés par Constantinople, son armée et l’administration étaient gérées par les élites locales dont les Mameloukes, cavaliers intrépides.

 

L’Egypte a connu un Napoléon conquérant mais aussi mu par un profond désir d’en faire un pays à part. Il voulait en faire un état capable de vivre par ses propres moyens, il y a donc créé une police, des tribunaux, des hôpitaux, et l’institut d’Egypte. La découverte de la pierre de Rosette par l’armée sera une des plus grande découverte scientifique. Cette pierre permettra à Champollion vingt ans plus tard de déchiffrer ses écritures et ainsi d’ouvrir la culture égyptienne au monde entier (Relire ici notre article sur Champollion).

 

Méhémet-Ali entre au pouvoir en 1805, après que l’Egypte ait été sous protectorat français et anglais (ces derniers ont repris le pouvoir de 1801 à 1805). Il réforme le pays profondément, et 24 ans plus tard, la collaboration avec les français est donc permanente. L’énorme expédition en Egypte produisant une des œuvres les plus monumentales au monde « La Description de l’Egypte » (imprimée de 1808 à 1829), rassemblant chercheurs, dessinateurs, artistes, historiens, est en cours. Tout est en place pour que l’Egypte livre ses secrets. 

 

Crédits :

 

21 Temple de Louqsor, Jean-Claude Golvin (né en 1942), aquarelle, encre, graphite et gouache sur papier, fin XXe siècle. Musée départemental Arles Antique © Jean-Claude Golvin/Éditions Errance

12- Abattage de l’Obélisque de Louqsor, maquette au 1/66. Atelier du musée de la Marine,1847. © Musée national de la Marine/A. Fux

17 – [Chargement des blocs de granite dans le Louxor à l’Aber-Ildut (Finistère)], 1835 Lavis sur papier signé ALC. © Collection particulière/ musée national de la Marine/A. Fux

18 – Érection de l’obélisque de Louqsor (Louxor) sur la place de la Concorde, 25 octobre 1836, huile sur toile. François Dubois (1790-1871). © Musée Carnavalet / Roger-Viollet

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